Le Groupement De Recherche (GDR) BioSimia a été créé en 2016 par le CNRS. Il fédère les chercheurs des laboratoires de recherche publics (CNRS, Inserm, CEA, MNHN, universités) dont les recherches en infectiologie (études des maladies infectieuses Sida, Ébola, Covid-19, etc. et de leurs traitements), immunologie (étude du système immunitaire et de ses maladies), ou neurosciences (étude du cerveau et de ses maladies) font appel aux primates non humains. Cela représente une soixantaine d’équipes à travers l’hexagone.
Air France a décidé d’arrêter le transport des primates, conformément à la « nouvelle responsabilité sociétale de l’entreprise ». Cette décision est-elle vraiment responsable ? De fait, elle contraste clairement avec la position courageuse qui fut celle d’Air France jusqu’alors.
Soutenue par plusieurs prix Nobel de Médecine, et plus largement par l’ensemble de la communauté scientifique, nationale et internationale, la compagnie aérienne se refusait alors de céder aux pressions d’associations animalistes, consciente de sa responsabilité sociétale à soutenir la recherche biomédicale et en particulier l’utilisation de ce modèle si précieux.
Le primate non humain demeure en effet un modèle indispensable, même s’il ne représente que 0,2% des animaux utilisés en recherche. La pandémie de Covid-19 n’a fait que le confirmer. Sans les travaux menés sur les macaques, notamment au CEA en France, nous ne connaîtrions pas la pathogénie du virus Sars Cov 2, et nous aurions été incapables de développer vaccins et thérapies en un temps si court. Il en est de même pour le développement de toutes les biothérapies, médicaments du futur, qui ne pourront être utilisées chez l’Homme sans essais précliniques sur des primates.
La liste est longue des contributions essentielles de ces modèles, notamment en neurosciences, pour le développement de traitements contre les maladies neurodégénératives, de neuro-prothèses ou encore de rétines artificielles.
Rendre impossible tout transport de primates signifierait à terme un renforcement de la délocalisation de ces recherches, alors même que la règlementation européenne en matière de protection des animaux est la plus stricte du monde.
Quoi qu’il en soit, cette décision d’Air France aura un impact négatif sur les animaux et sur la recherche biomédicale française et européenne. Peut-on alors parler de responsabilité sociétale d’entreprise ? Pas certain…
Pascal Ancé, Silabe, Université de Strasbourg
Romina Aron-Badin, directrice adjointe MirCEN, CEA
Sébastien Bouret, Directeur de recherche CNRS
Thomas Boraud, Directeur de recherche CNRS
Thomas Brochier, Directeur de recherche CNRS
Emmanuel Comoy, vétérinaire chercheur, CEA
Frédéric Ducancel, Directeur adjoint IDMIT, CEA
Nicolas Dudoignon, Gircor
Jean-Baptiste Durand, Chercheur CNRS
Nadine Mestre Frances, Directrice d’études, EPHE
Martine Meunier, Directrice de recherche CNRS
Jeoffrey Pardessus, Centre d’Étude des Pathologies Respiratoires, Inserm
Emmanuel Procyk, Directeur de recherche CNRS