Partant du principe que les patients actuellement atteints de maladies neurodégénératives ont urgemment besoin de médicaments, l’Alzheimer’s Society Dementia Research du Royaume-Uni cherche à mettre au point de nouveaux traitements dans le plus court délai possible. Elle finance ainsi des recherches pour trouver si, parmi les molécules thérapeutiques déjà utilisées, certaines ne seraient pas efficaces pour lutter contre les maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer.
Mi-avril, une étude en partie financée par cet organisme a ainsi découvert que deux molécules connues permettaient de stopper la dégénérescence des neurones et de restaurer la mémoire chez la souris. Ces deux molécules ont été choisies dans une banque de données parmi 1 040 molécules. Elles ont été retenues car elles agiraient au niveau de la “réponse aux protéines mal repliées”, un mécanisme qui est suractivé dans les maladies neurodégénératives, et qui entraîne la mort des neurones.
Des souris malades qui recouvrent la mémoire et gagnent en espérance de vie
Pour mimer la maladie d’Alzheimer, les chercheurs ont ici utilisé des souris atteintes d’une maladie à prions, semblable à Creutzfeldt-Jakob. Il s’agit d’un des modèles de référence pour étudier les maladies neurodégénératives chez la souris.
Les deux molécules, à savoir du chlorhydrate de trazodone (utilisé comme antidépresseur) et du dibenzoylméthane (anticancéreux) ont été administrés séparément à deux groupes souris, tandis qu’un troisième groupe recevait un placebo. Toutes les souris ont ensuite été soumises à des tests cognitifs. Et leurs cerveaux ont ensuite été comparés.
Résultats : les deux médicaments ont permis de restaurer la mémoire spatiale des souris, de stopper la dégénérescence des neurones et de réduire le rétrécissement cérébral, caractéristique des maladies neurodégénératives. Ces deux molécules ont également prolongé la survie des souris traitées.
De l’avantage de tester des molécules déjà utilisées par ailleurs
Enthousiasmés par ces premiers résultats chez l’animal, les chercheurs espèrent retrouver ces effets bénéfiques chez l’homme en vue d’une rapide commercialisation. Et pour cela, l’équipe part avec un avantage de taille, puisque la trazodone est déjà commercialisée pour traiter la dépression et l’anxiété, y compris chez les personnes âgées. Son innocuité et sa tolérance étant déjà connus et si ces effets sont retrouvés chez le patient, le délai entre les essais cliniques et la commercialisation de cette molécule contre les maladies neurodégénératives pourrait être écourté.
Hélène Bour
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