La recherche scientifique prend peu, voire pas du tout en compte la gente féminine pour comprendre les maladies cardio-vasculaires et élaborer des traitements. Ces pathologies concernent pourtant de nombreuses femmes dans le monde…
Même si les maladies cardio-vasculaires (MCV) constituent la première cause de décès mondiale chez les femmes de plus de 55 ans, peu d’études scientifiques ont été réalisées jusqu’à présent. La Fondation recherche cardio-vasculaire – Institut de France a alors récompensé, ce vendredi 24 juin, les travaux menés par Daniel Vaiman (directeur de recherche à l’Inserm) sur la pré-éclampsie, une hypertension artérielle grave touchant 1 femme enceinte sur 20 et multipliant par 4 à 8 la survenue de maladies du cœur. Une première en France !
La Fondation lui a en effet remis sa première bourse de recherche de 50 000 euros sur les maladies cardio-vasculaires féminines pour permettre, au final, une meilleure prise en charge (diagnostique et thérapeutique) des femmes enceintes avant et après leur accouchement. Une grande avancée pour la Fondation qui considère que « plus de 70 % de la recherche s’est faite sur les hommes ou les animaux mâles » avec une simple application des résultats aux femmes par la suite.
Pourtant, comme le montre le tableau ci-dessous, les facteurs de risque, les symptômes et les conséquences d’une maladie peuvent différer entre les genres :
C’est ce qu’a démontré la neurologiste Cheryl D Bushnell en 2008 (voir ci-dessus), chez des femmes sujettes à un accident vasculaire cérébral qui est une MCV : 51,4 % d’entre elles avaient une forte pression sanguine, contre 46,3% des hommes. Une différence parmi d’autres que l’Institut national de la santé états-unien compte bien intégrer dans ses recherches, en utilisant des modèles animaux femelles en plus des mâles habituels. Janine Austin Clayton, directrice du ORWH*, cite (écouter Mostly male) : « Il est vraiment important de comprendre que chaque cellule a un sexe et que ce dernier affecte les progrès biologiques et biochimiques de la cellule. Cela importe dans la recherche. »
Marie-Anaïs Lien
* L’Office of Research on Women’s Health (ORWH) est le Bureau de la recherche sur la santé des femmes, mis en place en 1990 par l’Institut national de la santé des Etats-Unis, qui promeut la santé des femmes au sein de la communauté scientifique.