Située dans le Puy-de-Dôme, Individus est une nouvelle association dédiée à l’accueil et à la réhabilitation d’animaux de ferme issus d’exploitations agricoles et de laboratoires de recherche. Maryline Mathieu, sa présidente, nous a accordé une interview pour nous éclairer sur les motivations profondes qui l’ont poussée à fonder Individus, les défis auxquels elle a été confrontée, et la vie qu’elle offre à ses résidents.
Pouvez-vous nous présenter Individus ?
Maryline Mathieu : Individus est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général qui recueille des animaux de ferme. Le refuge était au départ dédié aux animaux d’élevage destinés à l’abattoir. Mais étant personnellement sensible au sujet de l’expérimentation animale, l’idée de le consacrer, par la suite, aux animaux de laboratoire a fait sens.
Qu’est-ce qui vous a motivée à vous occuper spécifiquement des animaux de ferme de laboratoire ?
MM : Peu de refuges pour animaux de ferme existent en France, et aucun n’est exclusivement consacré aux animaux de laboratoire. On connait des associations qui permettent la réhabilitation des animaux de laboratoire telles que le Graal, White Rabbit, ainsi que Beagles of Burgundy. Elles ont clairement permis de rendre possible et de faire connaitre l’adoption de ces animaux mais elles ne les accueillent pas elles-mêmes dans une structure spécialisée. Elles font l’intermédiaire entre les laboratoires et les adoptants.
L’idée d’Individus est d’accueillir toutes les espèces de la ferme concernées par l’expérimentation animale et de leur offrir une douce retraite jusqu’à leur mort.
L'idée d'Individus est d'accueillir toutes les espèces de la ferme concernées par l'expérimentation animale et de leur offrir une douce retraite jusqu'à leur mort.
Quels défis avez-vous rencontrés lors de la création de l’association ?
MM : Je dirais que le plus compliqué est de trouver des terres agricoles à acheter afin de pouvoir agrandir le refuge et ainsi augmenter le nombre de réhabilitations. Les propriétaires dans le milieu rural sont encore très attachés à leurs terres qui leur sont transmises depuis des générations.
Quelles espèces d’animaux prenez-vous en charge ?
MM : Pour l’instant, le refuge a adopté des lapins, des poules, des cochons, des chats et un chien. Mais j’espère pouvoir bientôt accueillir d’autres espèces telles que des moutons, des vaches ainsi que d’autres oiseaux.
Quelles conditions de vie offrez-vous aux animaux après leur retraite ?
MM : Cela dépend des espèces, des normes à respecter ainsi que de leur capacité à pouvoir s’évader !
J’essaie de leur offrir le plus d’espace possible et de les faire cohabiter. Les poules, par exemple, sont les plus indépendantes. Elles ont accès au terrain dans sa quasi totalité et font leur vie librement. Les lapins ont différents enclos de 50m2 selon leurs affinités. Pour les cochons, il a fallu équiper une partie du terrain avec une clôture électrique afin de respecter la réglementation. Ils ont tous une cabane individuelle, c’est d’ailleurs assez étonnant la vitesse à laquelle ils adoptent leur maison.
Collaborez-vous avec d’autres associations impliquées dans le replacement d’animaux ?
MM : Oui, j’ai collaboré à plusieurs reprises avec le Graal pour des adoptions.
Combien de bénévoles participent à vos activités ?
MM : Sur le terrain, je suis majoritairement seule pour ce qui concerne le nourrissage et l’entretien. Les bénévoles m’aident pour les travaux, l’amélioration des infrastructures notamment. D’autres pour l’élaboration et l’agrandissement du projet. Je peux compter sur l’aide précieuse de Laurianne Turpin et Marion Sennepin qui sont respectivement les correspondantes du Puy-de-Dôme pour One voice et de l’Allier pour le Parti animaliste.
Quels sont vos projets à venir pour l’association ?
MM : Plusieurs projets sont à venir : l’agrandissement du refuge par l’achat d’autres terres ainsi que l’adoption d’autres animaux. J’aimerais également le faire visiter, aux écoles par exemple. Pouvoir être en lien direct avec les laboratoires pour éviter l’intermédiaire d’autres associations et ainsi permettre d’élargir les adoptions.
J'aimerais pouvoir être en lien direct avec les laboratoires pour éviter l'intermédiaire d'autres associations et ainsi permettre d'élargir les adoptions.
Comment vous aider ?
MM : Parler du refuge pour le faire connaitre. Pour cela, nous avons des comptes Facebook et Instagram qui permettent également de suivre les aventures des individus. L’association existe également grâce aux dons qui permettent de pérenniser la vie du refuge. Les frais vétérinaires sont assez conséquents pour un refuge. Chaque animal est vacciné, vermifugé, suivi autant que nécessaire. Certains ont des traitements pour des petits ou des gros bobos.
Avez-vous des anecdotes à partager ?
MM : Je pense que les moments forts de la vie d’un refuge sont lorsque les individus arrivent. Pour eux comme pour moi, l’émotion est très forte. Ils ont chacun leur manière d’appréhender ce changement, cette nouvelle vie. Les regards d’abord, les odeurs ensuite. Pour tous, ils découvrent une vie en semi-liberté en extérieur. Ils découvrent des éléments qui nous paraissent anodins comme l’herbe, le soleil, la pluie… Et d’autres individus qui ne leur ressemblent pas !
Il est possible de soutenir l’association en faisant un don, dont le montant est déductible des impôts.
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crédit photos : ©Maryline Mathieu