La fatigue compassionnelle dans les animaleries de recherche

Le FC3R a traduit une présentation du RSPCA (équivalent britannique de la SPA française) sur la fatigue compassionnelle dans le milieu de la recherche animale. Cette traduction aborde notamment les causes, les maux, et les solutions pour la prévenir.

Si dans les laboratoires de recherche, ce sont le plus souvent les personnels en contact direct avec les animaux qui peuvent être touchés par la fatigue compassionnelle, d’autres catégories de personnels (administratif par exemple) peuvent également être affectées.

Causes principales des troubles

1. Fatigue compassionnelle : Proximité quotidienne avec la souffrance animale, procédures de gravité élevée, euthanasies fréquentes.

2. Isolement et manque de soutien : Le cloisonnement du travail réduit les opportunités de partage et d’exutoire émotionnel.

3. Dissonance cognitive : Conflit interne entre la vocation de soin et la nécessité d’appliquer des procédures pouvant nuire aux animaux.

4. Charge de travail excessive : Longues heures de travail, sous-effectifs et pression constante.

Prévention et solutions

• Développer une “culture du soin” : Favoriser un environnement de travail où le bien-être des employés est autant pris en compte que celui des animaux.

• Soutien psychologique et reconnaissance institutionnelle : Faciliter l’accès aux psychologues du travail, reconnaissance officielle du stress émotionnel par la direction.

• Amélioration des pratiques professionnelles : Formation continue sur la gestion du stress, adaptation des protocoles pour limiter la détresse des employés.

• Renforcement du soutien social : Encourager l’échange entre collègues et la mise en place de groupes de parole.

• Valorisation du rôle des techniciens : Sensibiliser les responsables et le grand public sur l’impact émotionnel de ce métier.

Lutter contre la fatigue compassionnelle passe notamment par une meilleure prise en charge des personnels, une reconnaissance accrue et une adaptation des conditions de travail. Ce n’est qu’en prenant soin de ceux qui prennent soin des autres que l’on pourra garantir un environnement plus sain et plus équilibré. La santé des employés de la recherche animale impacte directement celle des animaux dont ils s’occupent.

En savoir plus :


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📺 Semaine du Cerveau : mieux comprendre son cerveau

À l’occasion de la Semaine du Cerveau, qui se tient du lundi 10 au dimanche 16 mars 2025, nous avons donné la parole à 3 chercheurs travaillant sur le système nerveux. Voici, en moins de 5 minutes par vidéo, le sujet de leurs recherches, leur application des 3R ainsi que leur vision du futur de la recherche.

Phlippe Isope : Le rôle du cervelet dans notre compréhension du monde

François Tronche et Sébastien Parnaudeau : Comment le cerveau s’adapte à l’environnement ?


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Académies : vers une amélioration de l’évaluation des projets utilisant des animaux à des fins scientifiques

Le 5 mars 2025, les Académies Vétérinaire, des Sciences, de Médecine et de Pharmacie ont rendu un avis pour améliorer le cadre d’évaluation éthique des projets impliquant des animaux à des fins scientifiques. Il s’inscrit dans le respect du Code rural et de la pêche maritime ainsi que de la Charte Nationale portant sur l’éthique de l’expérimentation animale.

Voici un résumé de cet avis :

Malgré les progrès réalisés en matière de méthodes in vitro et ex vivo, le recours à l’animal demeure indispensable pour protéger la santé humaine, animale et environnementale dans de nombreux champs de recherche. En 2023, les 89 comités d’éthique en expérimentation animale (CEEA) ont reçu 2965 demandes d’autorisation de projet (DAP) et ont émis un avis favorable dans plus de 90% des cas. Cependant, près de la moitié des évaluations dépassent le délai légal de huit semaines, en raison de procédures complexes et d’échanges hétérogènes entre concepteurs, CEEA et Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).

Face à ce constat, les Académies recommandent de clarifier le rôle des CEEA, qui doivent juger de la conformité éthique des projets sans évaluer leurs objectifs scientifiques. Elles préconisent en outre de simplifier et raccourcir le document de demande d’autorisation, de promouvoir l’usage de référentiels de bonnes pratiques, et de mettre en place un outil national moderne pour harmoniser la gestion et le suivi des projets. Ces évolutions permettraient de renforcer la règle des « 3R » (Remplacer, Réduire, Raffiner) et de diminuer la charge administrative, tout en maintenant une recherche compétitive.

Enfin, les Académies suggèrent de renommer les CEEA en « comités d’éthique et de protection des animaux utilisés à des fins scientifiques », afin de souligner leur mission première : protéger et respecter les animaux au cœur d’une recherche responsable, conduite dans un esprit de collaboration entre chercheurs, experts éthiques et institutions.


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Défendons la science et la recherche – Stand up for science

La science est un pilier de la démocratie. Elle éclaire la société, nourrit les débats et permet des avancées médicales majeures. Pourtant, elle est aujourd’hui attaquée comme jamais, notamment aux États-Unis, où l’administration Trump et le département de l’efficacité gouvernementale de Musk sapent les bases de la recherche et de l’université.

Lors de son discours devant le Congrès, Donald Trump a confondu souris transgénique et souris transgenre. Au-delà du grotesque, ce niveau d’ignorance traduit la rupture entre le monde politique et celui de la recherche et du progrès.

Le 7 mars, à l’occasion de Stand Up for Science, le Gircor appelle à défendre la liberté de la recherche et à rappeler une vérité simple : sans science, pas de médecine, pas d’innovation, pas d’avenir.


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🗣️ La recherche animale : un choix plein de sens pour ces étudiants

L’utilisation d’animaux à des fins scientifiques et réglementaires demeure indispensable malgré les avancées dans le développement de méthodes alternatives. La formation initiale de personnel spécialisé dans la recherche animale ou la gestion d’animaleries de recherche est un enjeu crucial pour la recherche de demain. Pour autant, s’orienter vers ces études n’est pas forcément une évidence. Afin de mieux comprendre les motivations des étudiants et les obstacles qu’ils ont pu rencontrer, nous avons recueilli les témoignages de 38 jeunes engagés dans cette filière, du baccalauréat au doctorat, ainsi que de jeunes diplômés récemment embauchés.

Voici un aperçu de leurs parcours et de leurs réflexions.

Nos précédents appels à témoins

Les raisons de ce choix

Parmi les raisons qui ont poussé ces étudiants à choisir la filière de la recherche animale, l’envie de travailler avec les animaux et de participer à leur bien-être arrive en première place, avec trois quarts des réponses portant sur cet aspect. « J’ai choisi cette formation pour l’amour des animaux ainsi que la réunion de la recherche avec les animaux », confie Tao, actuellement en classe de terminale professionnelle. Amélia, doctorante, présente des raisons similaires : « Je voulais allier mon amour pour l’animal avec mon envie de développer des connaissances en neurosciences. »

Éline, étudiante en deuxième année de master, et Robin, doctorant, nous ont respectivement répondu : « J’ai choisi cette filière par amour pour les animaux. Il me paraît très important de faire de la recherche à ce sujet pour améliorer la connaissance sur les animaux, pour mieux les connaître et les soigner » ; « Mon envie de faire progresser les connaissances sur le bien-être animal ».

Ces témoignages démontrent une affection particulière des étudiants, tous niveaux confondus, envers les animaux et leur bien-être.

Amoureux des sciences et des animaux, cette filière apparaissait comme une évidence. Mon idée était simple : faire avancer la science tout en améliorant toujours plus les conditions vie et le bien-être des animaux.

Léo, détenteur d’un master spécialisé en recherche animale

L’autre grande raison qui a poussé ces étudiants à choisir cette voie est l’aspect scientifique du parcours. Nadia, détentrice d’un master, nous a répondu que son choix était grandement dû à « l’intérêt scientifique, l’envie de faire progresser les connaissances, l’envie de développer de nouvelles thérapies ».

Yaëv, aussi diplômée d’un master en rapport avec la recherche animale, répond dans la même direction : « Pour le but final de la recherche : tenter de trouver des traitements pour des personnes atteintes de maladies qui n’en présentent pas et améliorer leur quotidien. »

Enfin, Ella, actuellement en terminale professionnelle, nous dit : « J’ai choisi cette filière car j’ai toujours voulu travailler en laboratoire au service de la recherche scientifique afin de faire avancer la science sur différente pathologie, créer des vaccins et peut‑être sauver des vies. »

Un chemin pouvant être semé de doutes

Pour autant, malgré les motivations qui ont incité ces étudiants à s’engager dans des études liées à la recherche animale, des doutes – liés ou non à un contexte social ou familial – ont pu émerger chez certains d’entre eux. Ainsi, bien que deux tiers des répondants affirment n’avoir jamais remis en question leur choix ni subi d’influence de leur entourage pour emprunter une autre voie, certains ont tout de même traversé des périodes de doute au cours de leur parcours.

Fait surprenant : aucun des lycéens ayant répondu à notre enquête n’a indiqué avoir douté.

Sans aller jusqu’à les inciter à changer de filière, Mathilde, doctorante, explique que ses « proches sont parfois dubitatifs, car ils pensent qu’on utilise les animaux “pour rien” et en excès », et Céleste, étudiante au niveau bac+3 : « Des proches m’ont dit que c’était triste que je fasse ça. »

Évidemment, c’est très mal vu par la société. Je me remets constamment en question et je pense que c’est nécessaire pour être sûr que ce qu’on fait est en accord avec nos principes/valeurs, et pour faire avancer la science tout en respectant le bien-être animal. Mes proches étaient plutôt intrigués et me posaient des questions pour mieux comprendre ce domaine. Ils ne pensaient pas que je pourrais faire ça car j’aime les animaux. Mais pour moi, il est nécessaire d’aimer les animaux pour être dans ce domaine !

Isaline, diplômée d’un master

Les élèves sont conscients que l’utilisation des animaux en recherche est destinée à diminuer, voire à cesser complètement dans un futur plus ou moins proche, comme nous l’a raconté Chloé, en dernière année de master : « J’ai déjà douté de ce choix, car pour moi, dans le futur, nous serons amenés à ne plus pouvoir travailler avec les animaux. »

D’un autre côté, Éline, en première année de master : « J’ai quelques proches qui m’ont montré qu’ils n’étaient pas vraiment favorables à ce que je poursuive cette voie, car ils sont contre l’expérimentation animale, mais c’est pour moi dû à un manque d’information. »

Dans le même esprit d’une volonté de confronter les idées reçues sur la recherche animale, Lou-Anne, actuellement en fin de master : « J’aime casser les idées reçues sur l’expérimentation animale avec mes proches. »

Enfin, Léo montre que ces études ne mènent pas forcément aux métiers de paillasse et que des doutes émergent malgré tout : « Personne ne m’a vraiment poussé à abandonner ce choix. On m’a juste fait remarquer que c’était un métier potentiellement difficile émotionnellement. De mon côté, par contre, j’ai douté car le monde de la paillasse ne me correspondait pas. Mais le doute ne vient pas du milieu en lui-même. »

Des formations riches en apprentissage

Les formations scolaires et universitaires liées à la recherche animale ont pour objectif de former des professionnels qualifiés qui sauront mener des projets scientifiques et prendre soin des animaux utilisés. En effet, 2/3 des répondants mentionnent le bien-être animal dans leur réponse.

Les étudiants interrogés soulignent l’importance de principes fondamentaux tels que la réglementation, l’éthique et le bien-être animal, ainsi que des aspects pratiques et scientifiques. Le principe des 3R (Remplacement, Réduction, Raffinement) est souvent mis en avant comme un pilier de la formation. Comme le précise Pierre, en terminale professionnelle : « le respect et l’éthique envers les animaux est primordial au sein de la recherche animale, la règle des 3R et le replacement des animaux. »

La réglementation, essentielle pour encadrer l’utilisation des animaux dans la recherche, est également au cœur des apprentissages. Lou-Anne explique que sa formation lui a permis d’acquérir « tout ce qu’il y a à savoir sur la réglementation liée à l’utilisation des animaux à des fins scientifiques, la nécessité de l’utilisation des animaux dans la recherche, les méthodes alternatives et une petite partie de ce que peut être le management. » Une connaissance confirmée par Isaline, qui liste : « les réglementations pour la mise en place d’un médicament sur le marché, le bien-être animal, la nécessité pour le moment d’utiliser des animaux pour cette recherche, bien que des méthodes alternatives se mettent petit à petit en place. »


Ella partage le fait que cette formation lui a apporté « une vision et une approche de l’animal différente. En effet, le bien-être animal doit être respecté, car ce sont des êtres vivants ayant des émotions tout comme nous. » Un point appuyé par Céleste, en première année de master : « j’ai tant appris sur le bien-être animal que cela a amélioré mes comportements envers les animaux de mon quotidien (sauvages et de compagnie), et je suis maintenant une meilleure humaine pour eux. »

Au-delà de la réglementation et de l’éthique, les étudiants acquièrent des compétences techniques et scientifiques variées. Louise, en dernière année de master, met en lumière l’étendue des connaissances : « principes des 3R et du bien-être animal, nombreuses connaissances scientifiques (physiologie, biologie cellulaire, statistiques, immunologie…). » De son côté, Léo ajoute : « ma formation m’a appris à comprendre les organismes modèles, tant dans leurs intérêts pour la recherche que pour combler au mieux leur bien-être et leurs besoins. J’ai aussi pu découvrir le concept d’éthique animale ainsi que la législation qui entoure ce milieu. Enfin, évidemment, j’ai pu acquérir des compétences techniques permettant de travailler avec les animaux. »

Beaucoup de choses sont mises en place pour améliorer le bien-être des animaux, en plus de la volonté de réduire le nombre d’animaux utilisés. Les laboratoires ne sont pas ce que l’on voit dans les vidéos.

Audeline, diplômée d’un master

Malgré les différences de niveaux d’études, les mêmes concepts primordiaux sont transmis aux étudiants afin de mettre l’animal au centre des questionnements éthiques et scientifiques.

Leur apport une fois dans la vie active

Ces actuels étudiants et récents diplômés affirment qu’ils apporteront leur motivation et leurs bonnes idées au milieu de la recherche animale.

Ophélie, élève de première, espère « pouvoir aller plus loin encore dans le bien-être animal », idée partagée par Ella qui souligne à son tour : « je pense que nous pourrions pousser le bien-être animal plus loin encore en trouvant d’autres méthodes ou en améliorant les conditions de vie des animaux. » Pierre, quant à lui, met en avant : « l’amélioration du bien-être animal, le développement du replacement des animaux et le développement de nouvelles alternatives. »

De nombreux étudiants ont aussi mentionné leur envie de communiquer sur ce qui se passe vraiment dans les animaleries de recherche, pour mieux faire comprendre l’importance de la recherche animale. Florent, étudiant en première année de master, insiste ainsi sur l’importance de « communiquer sur le rôle de l’expérimentation animale dans la recherche », souhait partagé par Éloïse, également en première année de master, qui espère « développer la transparence ». Lou-Anne espère « trouver des moyens d’en parler de la bonne manière pour casser les idées reçues ». Elle ajoute aussi : « et si je poursuis dans cette voie j’espère travailler dans la recherche pour le bien-être animal notamment pour les animaux d’élevage : ce sont ceux-là qu’on utilise le plus et qui sont le moins bien traités. » Isaline insiste sur la méconnaissance du grand public : « j’aimerais beaucoup que ce domaine soit plus/mieux connu pour montrer la nécessité de ce travail. J’aimerais donc plus de transparence : la société critique car elle ne connaît pas et a peu de moyens de connaître, elle voit seulement les vidéos qui marchent où l’on voit des animaux. »

Une communication transparente vis-à-vis de l’expérimentation animale et dédramatiser. J’aimerais venir à une Fête de la Science avec des rats et parler avec les gens de ce qu’on fait !

Mathilde, doctorante

Dans l’ensemble, les répondants insistent donc sur l’amélioration continue du bien-être animal ainsi que sur une transparence toujours plus importante. Voici quelques‑unes de leurs réponses :

  • Leïla, étudiante en première année de master : « améliorer certaines méthodes/en développer de nouvelles pour maximiser le bien-être animal et surtout réduire au maximum les interventions sur animaux (dans la mesure du possible), ce qui pourrait notamment réduire la souffrance compassionnelle liée à ces activités. »
  • Élisa, étudiante en première année de master : « améliorer le bien-être animal, améliorer les pratiques, développer la transparence, la communication et la transmission d’informations et de connaissances. »
  • Dahlia, détentrice d’un master : « aller plus loin encore dans le bien-être animal, changer la vision du grand public sur l’utilisation des animaux dans la recherche. »
  • Léo : « j’espère apporter surtout au niveau du grand public, à ceux qui ne savent pas ce qui se passe dans nos laboratoires, pourquoi il est encore crucial d’utiliser des animaux en recherche et en toxicologie. Mais surtout je souhaite leur faire comprendre que ces métiers ne sont pas créés pour faire du mal aux animaux mais bien pour leur assurer le plus grand degré de bien-être possible durant et en dehors des procédures. »
  • Nadia, diplômée d’un master : « contribuer à l’amélioration du bien-être animal en recherche, développer et favoriser la transparence et la communication avec le public. »

L’évolution de certaines pratiques, ayant aujourd’hui de meilleures alternatives, est aussi mentionnée par Alexia, diplômée d’un master : « changer les pratiques considérées comme limites ou dépassées » ; mais aussi par Mélina, également diplômée d’un master : « amélioration des pratiques par rapport aux réglementations actuelles et à venir, former (et reformer) correctement les personnes travaillant avec des animaux, changer l’opinion sur l’expérimentation animale en développant la transparence (réalisation de visites au public etc.). »

Robin, de son côté, souhaite apporter « des connaissances sur les états émotionnels des animaux et comprendre leur rapport à la douleur ».

Enfin, Morgane, détentrice d’un master, conclut : « continuer à participer à la mise sur le marché de nouveaux dispositifs médicaux tout en respectant le bien-être animal et la règle des 3R, trouver des méthodes alternatives quand cela est possible, développer la transparence dans ce domaine. »

En somme, tous évoquent des ambitions communes axées sur l’amélioration du bien-être animal, la transparence auprès du public et le développement de méthodes alternatives. Cette nouvelle génération semble déterminée à innover tout en poursuivant les principes éthiques déjà en place.

Conclusion

Parmi ces témoignages d’étudiants et de professionnels récemment diplômés, quel que soit leur niveau d’étude ou leur genre, tous rapportent que ce choix de carrière est la résultante d’une forte affection et un fort respect pour l’animal, d’une envie de faire progresser la science, pour toutes et tous. Ils souhaitent aussi faire comprendre au grand public pourquoi et comment les animaux sont utilisés à des fins scientifiques et règlementaires.

Ce qu’il faut retenir

  • Le bien-être animal est l’aspect scientifique sont les 2 grandes raisons pour lesquelles les étudiants ont choisi ces études.
  • Les étudiants souhaitent encore plus renforcer la transparence.
  • La seule catégorie d’étudiants n’ayant jamais douté de leur choix est la catégorie des étudiants.

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✒️ À l’origine de la diversité des souris de laboratoire

L’utilisation d’animaux par des hommes et des femmes de science est d’actualité depuis l’Antiquité. Pourtant, entre les espèces d’antan et celles occupant aujourd’hui les animaleries scientifiques, une différence frappe : les rongeurs représentent près de 80% des animaux utilisés. Cette tendance pour les modèles murins est assez récente et a une origine tout à fait étonnante. Focus sur Abbie Lathrop, l’éleveuse de rongeurs à l’origine des modèles les plus populaires aujourd’hui.

Les expressions de « rat de laboratoire », ou bien de « cobaye », auraient bien pu ne jamais exister. Pourquoi ? La réponse est simple : un siècle en arrière, les rongeurs n’étaient pas les modèles de référence que l’on connaît de nos jours pour étudier la physiologie et la physiopathologie, le choix se portait plus sur des animaux d’une taille similaire à celle de l’Humain, ou bien dont on pouvait tout du moins facilement contrôler les paramètres vitaux. Tout changea suite à un concours de circonstances permis par le parcours d’une jeune femme de l’Illinois, aux États-Unis d’Amérique : Abbie Lathrop. Elle naquit en 1868 et la première partie de sa vie est très peu documentée. On sait néanmoins qu’elle a exercé en tant qu’institutrice pendant un court temps, puis s’est essayée à l’élevage de volailles, sans succès.

Abbie Lathrop. Photo publiée dans The Springfield Weekly Republican, le 9 octobre 1913

Lathrop ne se découragea pas et se tourne vers un élevage de rongeurs dit « de fantaisie », des rongeurs aux traits atypiques. On en arrive ainsi à un tournant de la recherche biomédicale. En effet, des scientifiques vinrent rapidement vers elle, attirés par les on-dits qui se propagent dans le pays concernant son travail. À ce stade, les animaux n’avaient pas de phénotypes particulièrement intéressants pour étudier une maladie spécifique. Pourtant, dans son animalerie qui, dit-on, pouvait contenir jusqu’à 10 000 rongeurs, elle remarqua un jour une souris qui avait développé des lésions cutanées inhabituelles. Intriguée, elle envoya des échantillons à divers spécialistes. C’est ainsi qu’elle entra en contact avec Leo Loeb, pathologiste de renom. Loeb identifia la nature maligne de ces lésions et proposa à Lathrop d’étudier ensemble la prédisposition tumorale de ses différentes lignées. Leur collaboration fut si fructueuse qu’elle donna lieu à une dizaine de publications scientifiques dans des revues prestigieuses (Journal of Experimental MedicineJournal of Cancer Research, etc.). Parmi leurs travaux communs, on retient notamment la découverte d’une variabilité de la sensibilité aux tumeurs mammaires selon les souches de souris, ainsi que l’observation qu’une ovariectomie diminuait grandement l’incidence de ces tumeurs.

Des souris qui intéressent la génétique naissante

C’est dans cette même période que William Ernest Castle, généticien pionnier, se procura une partie du cheptel de Lathrop pour son laboratoire. Tout juste après la redécouverte des lois de Mendel, Castle entrevoyait déjà la puissance des souris comme modèle pour étudier l’hérédité et les maladies humaines. De fil en aiguille, Castle forma de grands noms de la discipline, dont George D. Snell (futur prix Nobel) et Clarence Cook Little, qui allait fonder ce qui deviendrait le Jackson Laboratory, un des plus grands éleveurs actuels. Les héritiers scientifiques de Lathrop contribuèrent ainsi à standardiser et à diffuser de plus en plus largement l’usage de la souris en recherche.

Un héritage toujours vivant : la fameuse C57BL/7

Parmi les souches issues du travail de Lathrop, l’une des plus emblématiques est la C57BL/6, communément appelée « Black 6 ». Son ancêtre direct, la « souris n° 57 » de Lathrop, fut sélectionné et stabilisé par Clarence Cook Little. Cette lignée règne en maître dans les laboratoires depuis plus de 80 ans et fut la première à voir son génome séquencé intégralement, en 2002. Ainsi, derrière l’appellation « C57BL/6 » se cache le patient travail d’une éleveuse autodidacte qui, par hasard mais surtout par ténacité, a fourni à la communauté scientifique un outil expérimental d’une valeur inestimable.

Une fin tragique et une ironie du sort

Abbie Lathrop n’eut pas le temps de pleinement mesurer la portée de son œuvre. Elle mourut en 1918 des suites d’une anémie pernicieuse, alors incurable. Quelques années après sa disparition, des travaux menés par George R. Minot, George R. Whipple et William P. Murphy permirent de traiter efficacement cette maladie grâce à des extraits de foie (travaux récompensés par un Prix Nobel en 1934). Ironie du sort, William Bosworth Castle, le fils de William Ernest Castle—l’un des premiers acquéreurs des souris de Lathrop—devint l’un des principaux chercheurs de l’époque à élucider les mécanismes de l’anémie pernicieuse, lorsqu’il établit le rôle crucial du facteur intrinsèque gastrique dans cette pathologie.

Une reconnaissance discrète mais bien réelle

Ainsi s’achève le portrait d’Abbie Lathrop, modeste éleveuse de « souris de fantaisie » et, bien involontairement, pionnière des modèles murins qui servent encore aujourd’hui de base à une multitude de découvertes en biologie et en médecine. Son histoire illustre la façon dont une initiative personnelle—née d’un simple élan d’enthousiasme pour de petits rongeurs—peut, par un concours de circonstances et la rencontre de grands chercheurs, transformer en profondeur le monde de la recherche.

Référence :

Steensma, D. P., Kyle, R. A., & Shampo, M. A. (2010). Abbie Lathrop, the « mouse woman of Granby »: rodent fancier and accidental genetics pioneer. Mayo Clinic proceedings, 85(11), e83.


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Webinaire UAR : Taking bolder steps with your animal research communications

Contexte

  • Organisé par UAR
  • Le 20 février 2025 entre 13h et 14h
  • Animé par Hannah Hobson (Understanding Animal Research)
  • Avec :

    • Rachel Chance (University of Bristol)
    • Laura Sheldrake (AstraZeneca)

  • Transcription par Whisper transcription
  • Résumé, synthèse et « 3 actions concrètes à mettre en place en France ? » réalisés par ChatGPT

Résumé

Le webinaire organisé par Understanding Animal Research (UAR) a porté sur la transparence dans la recherche animale, avec des interventions de Rachel Chance (Université de Bristol) et Laura Sheldrake (AstraZeneca). L’Université de Bristol publie les comptes rendus de ses comités d’éthique, ses statistiques d’utilisation animale et organise des événements de sensibilisation. AstraZeneca, première entreprise pharmaceutique à obtenir le statut de Leader in Openness, met en place des visites virtuelles, des programmes éducatifs et des formations internes pour favoriser la communication sur la recherche animale. Les deux organisations insistent sur l’importance des trois R (Réduction, Raffinement, Remplacement) et l’engagement du public. La gestion des controverses est anticipée via une communication proactive et la collaboration avec les services de sécurité et de communication. Des outils internes et externes sont développés pour former les employés et informer le public. Enfin, les intervenants encouragent à simplifier et structurer les démarches d’ouverture pour les rendre efficaces et accessibles.

Synthèse

Le webinaire a été organisé par Understanding Animal Research (UAR) et animé par Hannah Hobson, responsable de la communication et de l’engagement. Il a réuni Rachel Chance (Université de Bristol) et Laura Sheldrake(AstraZeneca) pour discuter de l’ouverture et de la transparence sur la recherche animale.

Introduction et objectifs du webinaire

• UAR est une organisation britannique dédiée à la promotion de la transparence sur la recherche animale.

• Le Concordat sur l’ouverture (lancé en 2014) engage ses signataires à être plus transparents sur l’utilisation des animaux en recherche.

• Le statut “Leaders in Openness” (introduit en 2019) récompense les institutions qui vont au-delà des exigences minimales du Concordat.

• L’objectif du webinaire était de partager des exemples concrets d’initiatives en matière de transparence.

Présentation de Rachel Chance (Université de Bristol)

Rachel Chance, responsable de l’information sur la recherche animale à l’Université de Bristol, a présenté les actions mises en place pour améliorer la transparence :

1. Site Web et publication des comptes rendus

• Depuis 2021, l’université publie les procès-verbaux des réunions de son comité d’éthique (AWERB).

• Ces documents sont rédigés de manière à éviter les caviardages (zones noires sur les textes) tout en préservant l’anonymat des membres.

• Un résumé annuel des objectifs, bénéfices et impacts des projets de recherche est également publié.

2. Publication des statistiques

• Détail des nombres d’animaux utilisés, avec une répartition par espèce et niveau de gravité des procédures.

• Explications pédagogiques sur l’importance des modèles animaux en recherche biomédicale.

• Graphiques illustrant la part des animaux utilisés pour l’expérimentation et ceux utilisés pour la reproduction.

3. Engagement public et sensibilisation

• Participation à des événements scientifiques grand public (festivals, conférences, expositions).

• Organisation de visites des installations de recherche animale pour les étudiants et le personnel.

• Campagnes de recrutement pour intégrer des membres extérieurs (non-scientifiques) dans les comités d’éthique.

• Développement de supports pédagogiques expliquant les enjeux éthiques et scientifiques de la recherche animale.

4. Gestion des controverses et interaction avec le public

• Stratégie proactive : anticiper d’éventuelles oppositions en informant en amont et en rendant les informations accessibles.

• Dialogue avec certaines associations étudiantes (ex. société végane universitaire) pour expliquer les pratiques et la réglementation.

Présentation de Laura Sheldrake (AstraZeneca)

Laura Sheldrake a exposé les initiatives mises en place par AstraZeneca, première entreprise pharmaceutique à obtenir le statut de Leader in Openness :

1. Communication sur la recherche animale

• Page dédiée sur le site web expliquant comment et pourquoi les animaux sont utilisés en recherche.

• Mise en avant des efforts pour appliquer les trois R (Réduction, Raffinement, Remplacement).

• Publication des chiffres d’utilisation d’animaux avec une répartition grands/petits animaux.

2. Sensibilisation et engagement externe

• Visites virtuelles de laboratoires : diffusion en direct de visites des installations avec interactions entre les techniciens et les chercheurs.

• Programme éducatif Curious Science Writers, ciblant les étudiants en communication scientifique.

• Engagement dans des programmes de sensibilisation aux États-Unis et au Royaume-Uni.

3. Préparation des employés à la communication

• Formation des employés pour parler de la recherche animale de manière transparente et respectueuse.

• Encadrement des discussions sur des sujets éthiques sensibles, en évitant une simplification excessive des enjeux.

• Adaptation des messages en fonction des publics et des contextes réglementaires internationaux.

4. Promotion interne de l’ouverture

• Semaine des 3R : mise en avant des innovations en matière de réduction de l’expérimentation animale.

• Concours interne récompensant les meilleures initiatives en faveur des 3R et de la transparence.

• Plateformes internes (type réseau social d’entreprise) pour partager des avancées scientifiques et renforcer la culture de l’ouverture.

Questions-réponses et enseignements

Le webinaire s’est conclu par une session de questions-réponses où plusieurs points ont été abordés :

• Gestion des militants anti-expérimentation : importance d’anticiper les oppositions, d’établir des protocoles avec les services de sécurité et de maintenir un dialogue constructif avec le public.

• Ressources disponibles pour la transparence : les participants ont été encouragés à utiliser les supports d’Understanding Animal Research et à collaborer avec leurs services de communication.

• Approche médiatique : importance d’un message clair, cohérent et validé en amont pour éviter les erreurs de communication.

• Leçons tirées : il est essentiel de ne pas trop compliquer les initiatives et de miser sur des actions simples mais percutantes.

3 actions concrètes à mettre en place en France ?

Voici trois actions concrètes qui pourraient être mises en place en France pour améliorer la transparence sur la recherche animale, en s’inspirant des initiatives de l’Université de Bristol et d’AstraZeneca :

1. Publier des informations accessibles sur l’expérimentation animale

• Créer une page dédiée sur le site web des institutions de recherche expliquant comment et pourquoi les animaux sont utilisés.

• Publier des statistiques annuelles détaillées, avec une répartition par espèce et niveau de gravité des procédures, accompagnées d’explications pédagogiques.

• Mettre en ligne les résumés des décisions des comités d’éthique, sans données confidentielles, pour montrer le processus de validation des projets.

2. Organiser des événements de sensibilisation pour le public et les étudiants

• Mettre en place des journées portes ouvertes pour les étudiants, chercheurs d’autres disciplines et médias, avec des visites encadrées des laboratoires impliquant des vétérinaires et techniciens.

• Participer à des événements scientifiques grand public (Fête de la science, congrès universitaires) avec des stands expliquant les méthodes alternatives et les avancées grâce aux trois R (Réduction, Raffinement, Remplacement).

• Collaborer avec des écoles et lycées pour organiser des sessions éducatives sur le rôle de la recherche animale en biomédecine.

3. Former les chercheurs et les communicants à parler de la recherche animale

• Développer des formations en communication pour aider les chercheurs à expliquer leur travail de manière claire et pédagogique, tout en anticipant les questions sensibles.

• Élaborer un kit de communication (FAQ, fiches explicatives, infographies) à destination des chercheurs et des services presse des institutions, pour assurer un message clair et cohérent.

• Mettre en place un réseau de référents en transparence, chargés de répondre aux questions du public et d’interagir avec les médias et décideurs politiques.

Ces actions permettraient d’améliorer la perception de la recherche animale, de réduire la désinformation et de renforcer la confiance du public envers les institutions scientifiques françaises.


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📺 Dépression et crustacés

Au laboratoire EthoS, Romain Coupeau étudie les états émotionnels, notamment dépressifs, chez les invertébrés. En travaillant sur l’écrevisse bleue et la seiche, il développe des tests comportementaux pour mieux comprendre ces états. Afin de limiter l’impact sur les animaux, il optimise leurs conditions d’hébergement et privilégie des méthodes d’étude non invasives. À terme, Roman espère que les avancées scientifiques permettront de remplacer progressivement l’expérimentation animale.


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Innovant – « C’est historique ! » : un traitement révolutionnaire contre Parkinson redonne espoir aux patients et aux scientifiques

Le 9 janvier 2025, le média Innovant publiait un article signé d’Émile Faucher révélant un traitement révolutionnaire contre la maladie de Parkinson. L’Université de Cambridge propose en effet d’implanter des cellules vivantes dans le cerveau, ouvrant la voie à une guérison durable pour des millions de patients à travers le monde.

Au cœur de cette thérapie se trouvent des organoïdes du mésencéphale – la région centrale du cerveau, essentielle à la régulation de la motricité et de la production de dopamine. Contrairement aux traitements actuels qui soulagent temporairement les symptômes et aux implants actuels invasifs, ces implants visent à réparer en profondeur les circuits neuronaux endommagés. Des essais sur animaux sont prévus pour évaluer la sûreté et l’efficacité de cette approche audacieuse. En cas de succès, cette avancée pourrait non seulement changer la donne pour les patients atteints de Parkinson, mais aussi ouvrir des perspectives prometteuses pour d’autres maladies neurodégénératives.


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📺 Comprendre la perception de la voix grâce aux macaques

À l’Institut de Neurosciences de la Timone à Marseille, un chercheur explore les origines de la perception de la voix. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), il compare les mécanismes cérébraux de l’audition chez les humains et les macaques. Cette étude innovante révèle les similitudes surprenantes entre les deux espèces et ouvre des perspectives prometteuses pour les recherches futures sur l’audition, tout en mettant en avant l’importance du bien-être animal dans les protocoles scientifiques.


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Arte – Le jeûne, enquête sur un phénomène

Dans un documentaire originellement diffusé en 2023 (disponible jusqu’au 25 mars 2025), Arte présente le travail de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrad, auteurs de cette vidéo portant sur le jeûne encadré et ses bienfaits. Au travers de paroles de chercheurs et médecins, le documentaire met en avant des procédures que des rongeurs ont suivies et qui ont permis des avancées majeures dans la compréhension du jeûne thérapeutique.

Le jeûne est plus qu’un simple phénomène de mode : derrière cette pratique ancestrale, de nombreuses recherches scientifiques, menées notamment sur des souris, bouleversent notre compréhension du fonctionnement du corps confronté à cette situation inédite dans nos vies occidentales. De l’impact des cétones sur la mémoire à l’amélioration de l’immunité contre le cancer, ces études révèlent le rôle clé du jeûne dans les mécanismes d’une meilleure santé.

Tout commence par la découverte de l’autophagie, ce nettoyage interne où les cellules, privées de nutriments extérieurs, recyclent leurs composants endommagés pour se maintenir en état de marche. Ce phénomène, mis en lumière par le Prix Nobel décerné à Yoshinori Ohsumi en 2016 se déclenche notamment lorsqu’on cesse de s’alimenter pendant plus de douze heures. Chez l’animal, et notamment chez la souris, on a pu mesurer l’efficacité de ce processus à réduire l’inflammation et à préserver la santé cellulaire sur le long terme.

Souris dont on teste l’endurance musculaire @Arte – « Le jeûne, enquête sur un phénomène » – Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade

Les vertus du jeûne dépassent le simple recyclage cellulaire : elles s’étendent à la défense immunitaire et à la prévention des maladies chroniques. Ainsi, le chercheur Valter Longo a démontré, d’abord chez la souris atteinte de cancer, que le fait de « priver » temporairement l’organisme de nourriture avant une chimiothérapie réduisait les effets toxiques du traitement. Mieux encore, des expériences ont révélé qu’en bloquant certains mécanismes de survie activés par les cellules tumorales affamées, on pouvait accroître l’action anticancéreuse des traitements. Les lympocytes T, des cellules primordiales dans le combat contre les cellules tumorales, étaient présents en plus grand nombre chez les patients ayant suivi ce protocole, résultat concordant avec ce qui avait été observé chez les modèles murins.

Autre avancée spectaculaire, le laboratoire d’Éric Verdin a mis en avant le rôle capital des cétones, carburant alternatif produit par l’organisme quand il manque de glucose. Ses travaux chez la souris montrent que ces molécules, longtemps jugées suspectes, pourraient en réalité être un « super carburant » : en plus de fournir de l’énergie, elles protègent les neurones du stress oxydatif et améliorent les performances cognitives des souris.

Enfin, les recherches de Mark Matson et de Satchin Panda sur l’alimentation « en temps restreint » (jeûne intermittent) chez la souris ont confirmé l’importance de respecter nos rythmes internes. Deux groupes de rongeurs recevaient exactement le même régime hypercalorique ; ceux qui pouvaient grignoter à toute heure développaient obésité et diabète, alors que ceux soumis à un jeûne intermittent maintenaient un poids et une santé quasi normaux. D’autres études soulignent d’ailleurs le potentiel bénéfique de ce type d’approche, non seulement pour contrôler son poids, mais aussi pour réduire les risques de troubles métaboliques et inflammatoires.

Les études animales soulignent à quel point la privation temporaire de nourriture, loin d’affaiblir l’organisme, peut déclencher des mécanismes de protection et de régénération. À travers l’autophagie, le switch métabolique vers les cétones ou encore la synchronisation de nos rythmes biologiques, le jeûne ouvre des pistes inédites pour prévenir et soigner certaines maladies. Ces découvertes, transposées chez l’humain, suscitent l’espoir d’une médecine plus sobre et plus respectueuse des capacités naturelles du corps à se régénérer.


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Organoïdes : un espoir pour traiter les troubles du cerveau lisse

Une récente étude publiée dans la prestigieuse revue Nature, et relayée dans un article de la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau, a découvert un mécanisme jusque là inconnu pouvant expliquer le syndrome du cerveau lisse, causant aux patients nombre d’handicaps.

Quand on s’intéresse à notre cerveau, la première chose qui nous vient à l’esprit est sa taille par rapport à notre poids, un record dans le règne animal. Mais ce qui distingue le plus les animaux possédant un cerveau, c’est bien la forme qu’arbore le cortex. Il y a ainsi deux options : un cortex présentant des circonvolutions (animaux « gyrencéphales » : humains, dauphins, chiens, éléphants…) et un cortex lisse (animaux lissencéphales : souris, lapins, grenouilles, saumons…). Une malformation causée par une mutation peut entraîner une lissencéphalie chez l’humain. Nommées simplement « lissencéphalies », ces maladies touchaient 125 000 Français(e)s en 2015 et touchent 1 nourrisson sur 100 000.

Comme pour les animaux lissencéphales, les malades ne présentent pas de sillons au niveau de leur cortex, provoquant de nombreux risques et handicaps tels qu’une mort prématurée du nouveau-né, un retard mental, des crises d’épilepsie ou bien des troubles moteurs. Comme le rappelle l’article de la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau : « les mécanismes moléculaires de cette pathologie sont mal compris et il n’existe à ce jour aucun traitement. » Du moins, c’était le cas avant la publication d’un article dans la revue Nature. Ce papier s’est intéressé à deux formes de la maladie, toutes deux provoquées par des mutations de gènes différents, en utilisant des organoïdes dérivés des cellules cérébrales de patients. Ces modèles ont été considérés comme pertinents car ils présentaient un cortex anormalement épais, un phénotype que l’on retrouve in vivo chez les patients. En effectuant des analyses des gènes et des protéines, les chercheurs ont observé que la voie mTor (mammalian Target of Rapamycin)-un système central de régulation dans les cellules qui contrôle la croissance, la survie et le métabolisme- était inhibée dans ces modèles cellulaires. En utilisant un activateur de ce gène, les chercheurs ont réalisé que l’épaisseur du cortex cérébral avait baissé, alors que la présence d’un cortex plus épais que la normale est un des marqueurs de la lissencéphalie, signe d’une amélioration de la condition.

Ce modèle organoïde est donc plein d’espoir pour mieux comprendre et potentiellement mieux traiter la lissencéphalie.


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