Dans un documentaire originellement diffusé en 2023 (disponible jusqu’au 25 mars 2025), Arte présente le travail de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrad, auteurs de cette vidéo portant sur le jeûne encadré et ses bienfaits. Au travers de paroles de chercheurs et médecins, le documentaire met en avant des procédures que des rongeurs ont suivies et qui ont permis des avancées majeures dans la compréhension du jeûne thérapeutique.
Le jeûne est plus qu’un simple phénomène de mode : derrière cette pratique ancestrale, de nombreuses recherches scientifiques, menées notamment sur des souris, bouleversent notre compréhension du fonctionnement du corps confronté à cette situation inédite dans nos vies occidentales. De l’impact des cétones sur la mémoire à l’amélioration de l’immunité contre le cancer, ces études révèlent le rôle clé du jeûne dans les mécanismes d’une meilleure santé.
Tout commence par la découverte de l’autophagie, ce nettoyage interne où les cellules, privées de nutriments extérieurs, recyclent leurs composants endommagés pour se maintenir en état de marche. Ce phénomène, mis en lumière par le Prix Nobel décerné à Yoshinori Ohsumi en 2016 se déclenche notamment lorsqu’on cesse de s’alimenter pendant plus de douze heures. Chez l’animal, et notamment chez la souris, on a pu mesurer l’efficacité de ce processus à réduire l’inflammation et à préserver la santé cellulaire sur le long terme.
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Les vertus du jeûne dépassent le simple recyclage cellulaire : elles s’étendent à la défense immunitaire et à la prévention des maladies chroniques. Ainsi, le chercheur Valter Longo a démontré, d’abord chez la souris atteinte de cancer, que le fait de « priver » temporairement l’organisme de nourriture avant une chimiothérapie réduisait les effets toxiques du traitement. Mieux encore, des expériences ont révélé qu’en bloquant certains mécanismes de survie activés par les cellules tumorales affamées, on pouvait accroître l’action anticancéreuse des traitements. Les lympocytes T, des cellules primordiales dans le combat contre les cellules tumorales, étaient présents en plus grand nombre chez les patients ayant suivi ce protocole, résultat concordant avec ce qui avait été observé chez les modèles murins.
Autre avancée spectaculaire, le laboratoire d’Éric Verdin a mis en avant le rôle capital des cétones, carburant alternatif produit par l’organisme quand il manque de glucose. Ses travaux chez la souris montrent que ces molécules, longtemps jugées suspectes, pourraient en réalité être un « super carburant » : en plus de fournir de l’énergie, elles protègent les neurones du stress oxydatif et améliorent les performances cognitives des souris.
Enfin, les recherches de Mark Matson et de Satchin Panda sur l’alimentation « en temps restreint » (jeûne intermittent) chez la souris ont confirmé l’importance de respecter nos rythmes internes. Deux groupes de rongeurs recevaient exactement le même régime hypercalorique ; ceux qui pouvaient grignoter à toute heure développaient obésité et diabète, alors que ceux soumis à un jeûne intermittent maintenaient un poids et une santé quasi normaux. D’autres études soulignent d’ailleurs le potentiel bénéfique de ce type d’approche, non seulement pour contrôler son poids, mais aussi pour réduire les risques de troubles métaboliques et inflammatoires.
Les études animales soulignent à quel point la privation temporaire de nourriture, loin d’affaiblir l’organisme, peut déclencher des mécanismes de protection et de régénération. À travers l’autophagie, le switch métabolique vers les cétones ou encore la synchronisation de nos rythmes biologiques, le jeûne ouvre des pistes inédites pour prévenir et soigner certaines maladies. Ces découvertes, transposées chez l’humain, suscitent l’espoir d’une médecine plus sobre et plus respectueuse des capacités naturelles du corps à se régénérer.