Il existe dans le monde plusieurs centres scientifiques dont l’activité est de rechercher des méthodes pour mieux appliquer le principe des 3R qui régit le recours aux animaux dans la recherche scientifique et médicale. Que contient exactement ce principe des 3R ? Que font concrètement ces centres vis-à-vis des 3R ? Éléments de réponse.
Élaborée en 1959, la règle des 3R régit les expérimentations animales dans la recherche scientifique, en Europe et en Amérique du Nord. Pris en compte par l’ensemble de la communauté scientifique réalisant des expérimentations sur animaux, ce principe comprend les points suivants :
- “Replacement”, remplacement : remplacer les modèles animaux par d’autres modèles dans la mesure du possible ;
- “Reduce”, réduire : diminuer au maximum le nombre d’animaux nécessaires à l’expérimentation ;
- “Refinement”, raffinement : améliorer autant que possible le bien-être des animaux utilisés et diminuer au mieux les contraintes qu’ils subissent.
Malgré tout, si ces principes sont érigés comme des règles à suivre impérativement, il n’est pas toujours évident pour les chercheurs de les appliquer au quotidien, par manque de moyens, mais aussi par manque d’informations, notamment concernant les alternatives valables qui existent pour se passer de modèles animaux.
Aussi plusieurs centres dits “3R” ont-ils vu le jour dans plusieurs pays, afin que ces principes éthiques soient mieux appliqués. De par leurs actions, ils permettent d’améliorer à la fois la qualité des recherches menées sur les animaux, la protection des animaux utilisés, et l’information transmise à la communauté scientifique et au grand public.
NC3R, un centre britannique qui finance la recherche 3R
Au Royaume-Uni a été créé en 2004 le NC3R, National Centre for the Replacement, Refinement & Reduction of Animals in Research. Il est né suite à un rapport du comité spécial sur les animaux dans les procédures scientifiques de la Chambre des lords, qui a recommandé la création d’un centre national pour se concentrer sur les 3R.
Ce centre a un rôle relativement important au Royaume-Uni puisqu’il est le principal financeur de la recherche sur les 3R du pays, avec plus de 56 millions de livres (63,5 M€) engagés depuis 2004. Le centre finance en outre la commercialisation de techniques 3R permettant de se passer de l’expérimentation animale lorsque c’est possible. Établir de nouvelles méthodes d’expérimentation pour diminuer le nombre d’animaux utilisés et trouver de nouveaux outils pour évaluer le bien-être des animaux de laboratoire sont quelques unes des missions que se donne le NC3R en vue d’une meilleure mise en pratique des 3R.
Sur son site internet, le NC3R précise qu’il s’assure dans la mesure du possible que les animaux ne sont pas utilisés spécifiquement et uniquement pour les projets 3R qu’il finance, mais plutôt lors d’études scientifiques en cours afin d’optimiser leur utilisation. Et lorsqu’il s’agit de comparer des approches alternatives à des études sur animaux, les scientifiques se servent de données antérieures.
D’autres centres dédiés aux 3R ont vu le jour en Europe et Amérique du Nord, notamment le Canadian Centre for Alternatives to Animal Methods (CCAAM), et le 3Rs-Centre Utrecht Life Sciences (ULS) au Danemark.
De son côté, le CCAAM s’attèle surtout à mieux informer les chercheurs travaillant sur des animaux, et à promouvoir des méthodes alternatives viables, notamment en nouant des partenariats entre les universités, les industriels, le gouvernement et le secteur public. Le but étant de développer, valider et promouvoir des méthodes ne faisant pas appel aux animaux pour la recherche biomédicale et les essais de toxicité chimique, avec à terme l’objectif de porter le Canada en leader des alternatives à l’utilisation d’animaux dans ces domaines scientifiques.
Enfin, à son échelle, le 3Rs-Center Utrecht Life Sciences vise à stimuler le développement, l’acceptation et la mise en oeuvre de méthodes pour réduire, remplacer et raffiner l’utilisation d’animaux dans la recherche. Le site comprend entre autres :
- une communication régulière avec la communauté scientifique via des newsletters ;
- l’accès à une base de données pour mieux choisir son modèle animal et donc réduire le nombre d’animaux utilisés (soit le R de réduction, interspeciesinfo.com) ;
- l’accès à un site explicatif sur les “points limites” éthiques à établir, pour reconnaître les signes d’une souffrance animale et la diminuer lors d’expérimentations (soit le R de raffiner, humane-endpoints.info) ;
- et l’accès à une base de données « sans sérum » qui donne un aperçu des alternatives au sérum de veau fœtal disponibles dans le commerce pour la culture de cellules in vitro (soit le R de remplacer, fcs-free.org).
D’autres centres ayant des missions similaires existent dans le monde, notamment en Australie ou en Norvège (voir liste ici).
Et s’il n’existe pas encore de centres dédiés aux 3R dans tous les pays européens, ils sont amenés à voir le jour dans les années à venir, du fait de la nécessité d’améliorer sans cesse l’application de ces principes éthiques.
Hélène Bour
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