Le bisphĂ©nol A, classĂ© comme perturbateur endocrinien, est une substance chimique utilisĂ©e dans la fabrication des plastiques. Aujourdâhui, il est interdit en France dans tous les contenants alimentaires. Les chercheurs tentent dâĂ©lucider les effets du bisphĂ©nol A sur la santĂ© humaine grĂące Ă des tests in vitro et des essais chez lâanimal (poisson zĂšbre, rat, souris, singe).
https://youtube.com/watch?v=cT9oN05lvrg%3Ffeature%3Dplayer_detailpage
Pourquoi utilise-t-on le bisphénol A ?
« Le bisphĂ©nol A (BPA) est une substance chimique de synthĂšse utilisĂ©e depuis plus de 50 ans, ses deux principales utilisations sont la fabrication de plastiques et celle de rĂ©sines » selon la dĂ©finition de lâAgence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâalimentation, de lâenvironnement et du travail (Anses).
Le bisphénol A, interdit en France
Depuis le 1er janvier 2015 la loi française interdit la prĂ©sence de BPA dans tous les contenants alimentaires (bouteilles en plastique, canettes ou boĂźtes de conserve, entre autres). « Câest dâailleurs la mĂȘme loi qui a interdit, depuis le 1er janvier 2013, le BPA dans tous les contenants alimentaires destinĂ©s aux nourrissons et enfants en bas Ăąge » indique une publication du site officiel de lâadministration publique.
Alors que le gouvernement français vient d’Ă©tendre lâinterdiction du BPA, lâagence sanitaire europĂ©enne (Efsa) justifie lâutilisation de cette substance en Europe. LâEfsa estime « quâaux niveaux actuels dâexposition, le BPA ne prĂ©sente pas de risque pour la santĂ© des consommateurs de tous les groupes d’Ăąge (y compris les enfants Ă naĂźtre, les nourrissons et les adolescents) ».
Le bisphénol A au banc des accusés
ConsidĂ©rĂ© comme un perturbateur endocrinien, le BPA « agit comme un leurre hormonal et mime lâaction de certaines hormones naturelles comme par exemple les ĆstrogĂšnes, le BPA va donc usurper lâidentitĂ© des ĆstrogĂšnes et activer de maniĂšre anarchique les rĂ©cepteurs de ces hormones » prĂ©cise le chercheur William Bourget dans une vidĂ©o de lâInserm.
La toxicité du BPA a déjà été prouvée sur des modÚles animaux en laboratoire :
- Chez le rat « lâexpression de deux gĂšnes importants pour la formation de lâĂ©mail sont affectĂ©s par le BPA » prĂ©cise Sylvie Babajko, biologiste de lâInserm. Les chercheurs suspectent trĂšs fortement que le BPA a des effets similaires chez lâhomme (voir la vidĂ©o ci-dessus).
- Des chercheurs canadiens ont prouvé chez le poisson zÚbre (Danio rerio) que les embryons exposés à de faibles niveaux de bisphénol A devenaient hyperactifs. Le BPA semble modifier le moment de la formation et la quantité de neurones dans le cerveau.
- Une Ă©tude a confirmĂ© le lien entre l’exposition Ă faibles doses de BPA et le cancer du sein chez le singe. Les chercheurs indiquent qu’il s’agit d’une dose « comparable Ă ce que l’on trouve dans la population humaine ».
Et pourtant on est encore loin de connaĂźtre tous les effets du BPA et d’autres perturbateurs endocriniens sur la santĂ©. DâoĂč lâimportance des projets de recherche et d’Ă©valuation des dangers chimiques, comme l’iniciative europĂ©enne REACH.
Quels substituts au bisphénol A ?
Un rapport du gouvernement Ă©value les substituts possibles au BPA. Mais la tĂąche sâavĂšre compliquĂ©e : il n’existe pas de substitut universel pour remplacer le BPA. Au total, 73 substances alternatives ont Ă©tĂ© identifiĂ©es en 2012 par l’Anses selon les diffĂ©rentes applications industrielles.
GrĂące Ă un test in vitro rĂ©alisĂ© chez lâhomme et chez la souris, des chercheurs ont pu tester lâeffet de deux substances qui pourraient remplacer le BPA dans les papiers thermiques utilisĂ©s pour les tickets de caisse : les bisphĂ©nols F et S. La conclusion ? Les bisphĂ©nols F et S ont le mĂȘme effet que le BPA : ils diminuent la production de testostĂ©rone par les testicules du fĆtus mĂąle.