Ă la suite de la publication par le MinistĂšre en charge de la recherche des statistiques 2023 d’utilisations d’animaux Ă des fins scientifiques, One Voice a publiĂ© un article intitulĂ© « Les macaques importĂ©s d’Afrique et d’Asie au coeur des chiffres 2023 de l’expĂ©rimentation animale ». Voici quelques rectifications nĂ©cessaires face aux imprĂ©cisions contenues dans cet article.
Le nombre d'utilisations vs le nombre d'animaux
« En 2023, 3 459 primates non humains ont Ă©tĂ© utilisĂ©s en France dans le cadre dâexpĂ©rimentations animales. »
Ce chiffre correspond au nombre dâutilisations et non au nombre de primates non-humains (PNH) utilisĂ©s. En rĂ©alitĂ©, 2 372 PNH ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour la premiĂšre fois en 2023, ce qui reprĂ©sente une diminution de 21% par rapport Ă 2022.
Le diffĂ©rentiel de 1 087 sâexplique donc par la rĂ©utilisation de certains animaux.
Rappelons que la rĂ©utilisation permet de rĂ©duire le nombre d’animaux utilisĂ©s. Cette rĂ©utilisation est strictement encadrĂ©e par la Directive 2010/63/EU et ne peut se faire qu’aprĂšs avis vĂ©tĂ©rinaire.
« parmi les 3 101 macaques (cynomolgus et rhĂ©sus) utilisĂ©s en 2023, 1 022 nâont tout simplement aucune origine dĂ©clarĂ©e… »
Cette affirmation repose sur une confusion : les origines sont dĂ©clarĂ©es uniquement lors de la premiĂšre utilisation de chaque animal. Il nâest pas requis de redĂ©clarer cette origine lors des rĂ©utilisations.
La traçabilité
« …Ce flou sur la traçabilitĂ© rĂ©vĂšle les failles graves dâun systĂšme censĂ© ĂȘtre strictement encadrĂ©. »
Dans sa dĂ©cision d’exĂ©cution 2012/707/EU, la Commission europĂ©enne prĂ©cise : « Les statistiques prĂ©senteront le nombre dâanimaux naĂŻfs uniquement en relation avec lâespĂšce et le lieu de naissance. En ce qui concerne les animaux rĂ©utilisĂ©s, le lieu de naissance nâest par consĂ©quent pas pris en compte. »
Il ne sâagit donc pas dâun flou, mais dâune procĂ©dure rĂ©glementaire conforme aux directives de la Commission europĂ©enne : la traçabilitĂ© est assurĂ©e Ă la premiĂšre entrĂ©e de lâanimal dans une procĂ©dure.
« Alors que les autoritĂ©s affirment vouloir restreindre leur usage, les donnĂ©es racontent une tout autre histoire : la majoritĂ© dâentre eux proviennent de pays hors Union europĂ©enne, souvent sans traçabilitĂ©. »
Câest inexact : tous les animaux importĂ©s le sont dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espĂšces de faune et de flore sauvages CITES, garantissant une traçabilitĂ© stricte.
La capture des singes
« La capture des singes, notamment des macaques Ă longue queue, contribue fortement Ă leur classification « en danger » par lâUICN. »
Les donnĂ©es 2023 montrent un seul cas de primate capturĂ© dans la nature (en 1996), utilisĂ© dans le cadre dâune Ă©tude pour une maladie Ă incubation trĂšs longue, d’oĂč une dĂ©claration tardive du PNH Ă la fin de la procĂ©dure expĂ©rimentale. Tous les autres macaques sont issus dâĂ©levages agréés.
Concernant leur statut de conservation :
- Les macaques Ă longue queue sont effectivement en danger dans leur habitat naturel.
- Cependant, 78 % des macaques utilisĂ©s en France en 2023 provenaient de lâĂle Maurice, oĂč cette espĂšce a Ă©tĂ© introduite par des colons hollandais au XVIIĂšme siĂšcle. Elle y est considĂ©rĂ©e comme invasive et reprĂ©sente un danger pour la biodiversitĂ© locale.
Les primates de premiÚre génération
« Selon un rapport de la Commission europĂ©enne rendu en 2017, lâutilisation de primates de premiĂšre gĂ©nĂ©ration nĂ©s en captivitĂ© (dits « F1 », issus de parents capturĂ©s dans la nature) devait ĂȘtre interdite Ă partir de novembre 2022. »
Dans son point 4, le rapport de la Commission europĂ©enne autorise : « au terme dâune pĂ©riode de transition appropriĂ©e, lâutilisation de primates non humains uniquement lorsquâils sont issus dâanimaux qui ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©s en captivitĂ© (issus de deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration au moins) ». Cela concerne donc les animaux dits « F2 » soit 1 412 animaux en 2023.
Les 959 PNH issus de F1 proviennent soit de colonies entretenues sans apport d’effectifs extĂ©rieurs pour 301 d’entre eux comme le prĂ©voit le mĂȘme rapport, soit 658 de colonies avec apport d’effectifs extĂ©rieurs.
Une grande partie de ces 658 animaux sont entrĂ©s en procĂ©dure avant la date butoir de novembre 2022 mais n’ont Ă©tĂ© pris en compte qu’en 2023. Pour les autres animaux, le rapport (sorti en 2017) n’ayant pas anticipĂ© la pandĂ©mie COVID, l’interdiction par la Chine de l’exportation des macaques (qui en Ă©tait alors le principal exportateur), la pĂ©nurie et l’explosion des prix en rĂ©sultant, la recherche a pris du retard et les procĂ©dures s’en sont trouvĂ©es dĂ©calĂ©es.
Alors que One Voice critique lâimportation de singes depuis lâĂ©tranger, elle sâoppose en mĂȘme temps Ă lâouverture du centre de primatologie de Rousset. Ce projet vise prĂ©cisĂ©ment Ă rĂ©duire la dĂ©pendance de la France aux Ă©levages extĂ©rieurs, tout en renforçant le contrĂŽle Ă©thique et sanitaire des animaux destinĂ©s Ă la recherche.