đŸŽ™ïž Une semaine pour comprendre votre cerveau

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Du 11 au 24 mars se tiendra la Semaine du Cerveau coordonnĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Neurosciences. Cette manifestation internationale a pour but de sensibiliser le grand public Ă  l’importance de la recherche sur le cerveau Ă  travers des Ă©vĂšnements gratuits et prĂ©sentĂ©s de façon accessible pour toutes et tous. Nous avons interrogĂ© une des personnes en charge de la coordination de l’Ă©vĂšnement en France, Armelle Rancillac.

Quelques chiffres

Armelle Rancillac
Pouvez-vous vous présenter ?

Armelle Rancillac : J’ai Ă©tĂ© recrutĂ©e Ă  l’Inserm en 2006 aprĂšs avoir soutenu une thĂšse en neurosciences en 2003, axĂ©e sur les mĂ©canismes sous-tendant les phĂ©nomĂšnes de mĂ©morisation, et aprĂšs un postdoctorat Ă  l’ESPCI oĂč j’ai Ă©tudiĂ© le couplage neurovasculaire. J’ai obtenu mon habilitation Ă  diriger des recherches en 2014. Actuellement, je me consacre Ă  l’étude des mĂ©canismes cellulaires et molĂ©culaires rĂ©gissant le sommeil au CollĂšge de France. TrĂšs engagĂ©e dans la communication avec le grand public, je coordonne la Semaine du Cerveau au niveau national, avec François Tronche, directeur de recherche au CNRS Ă  Sorbonne UniversitĂ©. Je suis Ă©galement membre du comitĂ© de communication de la FENS, la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des sociĂ©tĂ©s de neurosciences. Je donne rĂ©guliĂšrement des confĂ©rences sur le sommeil, sur mes travaux pour la communautĂ© scientifique ou pour le grand public. Actuellement j’essaye principalement d’élucider comment les astrocytes, des cellules non neuronales du cerveau, contribuent Ă©galement Ă  la rĂ©gulation du sommeil.

Vous coordonnez l’organisation de la semaine du cerveau qui aura lieu la semaine prochaine. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet Ă©vĂšnement ?
A.R. : La Semaine du Cerveau est un Ă©vĂ©nement mondial, coordonnĂ© en France par la SociĂ©tĂ© des Neurosciences – Ă  ne pas manquer sous aucun prĂ©texte. Plus de 350 Ă©vĂ©nements sont proposĂ©s cette annĂ©e dans toute la France, en prĂ©sentiel, virtuel ou en format hybride.
Il y en a pour tous les goĂ»ts : sur l’addiction, l’apprentissage, l’alimentation, le cerveau, l’art, l’intelligence artificielle, le sport, le sommeil, l’imagerie cĂ©rĂ©brale, l’histoire des neurosciences
 et sous tous les formats possibles : confĂ©rences, tables rondes, ateliers, expositions, bars des sciences, spectacles, visites de laboratoire… Durant cette semaine, les acteurs du monde de la recherche vont Ă  la rencontre du grand public pour partager leur passion, l’état actuel de la recherche, rĂ©pondre aux questions du public et combattre les fausses croyances. Ces Ă©vĂ©nements sont gratuits et prĂ©sentĂ©s de façon accessible pour toutes et tous.
Cliquez pour consulter le programme
Aujourd’hui, le recours aux animaux dans la recherche est rĂ©guliĂšrement remis en question. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cette utilisation est toujours indispensable dans les recherches sur le cerveau ?
A.R. : Pour mes recherches, je dois comprendre ce qui se passe dans le cerveau, au niveau d’une rĂ©gion du cerveau qui contrĂŽle le sommeil. Je mets en lumiĂšre de nouveaux mĂ©canismes qui pourraient, Ă  terme, permettre de dĂ©velopper de nouvelles pistes thĂ©rapeutiques pour mieux dormir, car un tiers de la population occidentale souffre de troubles du sommeil, sans qu’il existe pour le moment de traitement efficace sur le long terme. Il est donc impossible pour le moment d’utiliser des modĂšles mathĂ©matiques (AI), qui se basent sur les donnĂ©es, car ce sont justement ces donnĂ©es que je collecte. Les organoĂŻdes sont trĂšs loin de reproduire encore la complexitĂ© cĂ©rĂ©brale. Le rongeur reste donc pour le moment le meilleur modĂšle d’étude, car il est trĂšs proche de l’homme ! Il est parfois possible de rĂ©aliser certaines Ă©tudes sur des cultures cellulaires, mais ces analyses restent prĂ©liminaires. Le comportement des cellules est diffĂ©rent lorsqu’il est intĂ©grĂ© dans un environnement cĂ©rĂ©bral, l’organe le plus complexe de notre organisme.

La souris est l’animal de prĂ©dilection pour la recherche en neurosciences.

Quels sont les modĂšles animaux concernĂ©s par les recherches sur le cerveau ? À quelles fins sont-ils utilisĂ©s ?
A.R. : La souris est l’animal de prĂ©dilection pour la recherche en neurosciences, car ce modĂšle est assez proche du modĂšle humain, et donc de nombreuses molĂ©cules et mĂ©canismes sont similaires entre ces deux espĂšces. Le temps de gestation rapide de ces animaux, 21 jours, facilite la gĂ©nĂ©ration d’animaux transgĂ©niques, indispensables Ă  la comprĂ©hension de nombreux mĂ©canismes cĂ©rĂ©braux. Toutefois, pour la rĂ©alisation de tests comportementaux, les rats sont souvent plus performants. Nous utilisons Ă©galement les poissons-zĂšbres, car leur transparence permet de visualiser Ă  distance et de façon non invasive de nombreux processus. Certains oiseaux sont Ă©galement utilisĂ©s, principalement pour Ă©tudier le dĂ©veloppement, qui est externe, dans des Ɠufs. Enfin, les primates non-humains (PNH), les animaux les plus proches de l’humain, sont essentiels pour finaliser certaines Ă©tudes, car bien Ă©videmment, nous ne sommes pas des rongeurs et tout ce qui peut ĂȘtre mis en Ă©vidence doit, lorsqu’il passe en phase de thĂ©rapie, surtout ĂȘtre validĂ© chez les PNH, puis chez l’homme. D’autres espĂšces sont parfois utilisĂ©es, mais proportionnellement beaucoup plus rarement.
Quelles mĂ©thodes alternatives ou de rĂ©duction du nombre d’animaux sont utilisĂ©es aujourd’hui dans ces recherches ?
A.R. : Les alternatives utilisĂ©es en recherche aujourd’hui sont comme je l’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© la modĂ©lisation mathĂ©matique, l’utilisation de bases de donnĂ©es partagĂ©es, la culture cellulaire, la rĂ©utilisation d’échantillons congelĂ©s ou la rĂ©utilisation d’animaux.
Avez-vous des exemples d’applications concrĂštes des rĂ©sultats des recherches sur le cerveau ?
A.R. : ConcrĂštement, nous avons dĂ©jĂ  mis en Ă©vidence grĂące Ă  nos travaux que l’effet hypnotique du glucose est plus marquĂ© le soir avant de se coucher qu’au lever le matin. L’intĂ©gration de cette signalĂ©tique cellulaire et molĂ©culaire implique les astrocytes, des cellules gliales non neuronales du cerveau, qui intĂšgrent et rĂ©pondent Ă  l’augmentation de la concentration en glucose diffĂ©remment, en fonction du moment de la journĂ©e. Ainsi, si l’on souhaite veiller tard le soir, il est prĂ©fĂ©rable d’adapter la composition de son repas et de favoriser les protĂ©ines au dĂ©triment des glucides, et inversement si l’on souhaite passer une bonne nuit de sommeil. D’autres rĂ©sultats intĂ©ressants sont en prĂ©paration  !

Ce qu'il faut retenir

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