Créé en 2014, un site web officiel publie les résumés des études menées sur animaux en Allemagne. Selon une publication signée par ses créateurs, ce site permettrait une grande transparence dans le domaine de l’expérimentation animale, ainsi qu’une amélioration du bien-être des animaux utilisés à des fins scientifiques.
A l’heure où l’expérimentation animale en France est interrogée dans les médias et paraît mal comprise du grand public, et où la communauté scientifique française tente d’expliquer sa démarche, un support d’information semble tirer son épingle du jeu outre-Rhin.
En Allemagne, un site internet nommé AnimalTestInfo a été créé en 2014 par l’Institut Fédéral d’évaluation des risques (BfR), suite à la directive de l’Union européenne de 2010 demandant la publication de résumés des projets d’études scientifiques menées sur animaux. Sur AnimalTestInfo, 3 000 résumés dits “non techniques” (“nontechnical summary”, NTS) sont ainsi publiés chaque année depuis 2014.
Mais au-delà de son aspect informatif, le site revêt un caractère d’outil pour les chercheurs, puisqu’il leur permettrait de mieux connaître les pratiques en recherche animale, et ainsi d’améliorer in fine la qualité scientifique et le bien-être animal.
Pour explorer ce potentiel, des chercheurs du BfR ont mené une étude pilote sur les résumés publiés sur AnimalTestInfo.
Un classement en fonction des maladies étudiées
Utilisant les données de 2014 et de 2015, les auteurs ont analysé les résumés en fonction des objectifs de l’étude et de la maladie étudiée, et les ont classés à l’aide du système de classification internationale des maladies (CIM) publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). De cette manière, l’équipe a pu obtenir une vue d’ensemble de la recherche sur animaux menée en Allemagne durant ces deux années.
Ce classement permet au grand public de prendre facilement connaissance les maladies pour lesquelles les animaux sont utilisés.
Il apparaît ainsi qu’en Allemagne, environ 80% des recherches sur animaux sont effectuées dans le but d’étudier ou de traiter des maladies humaines.
Une telle transparence a son importance notamment lorsqu’il s’agit d’expérimentations sur primates, études encore controversées, et ce justement par manque d’information et de pédagogie.
Un site pour aider à appliquer davantage la règle des 3R
Mais ce site internet aurait un autre avantage de taille selon les auteurs : en combinant la classification internationale des maladies ainsi que le nombre et le type d’animaux utilisés pour chaque étude, il permet de mettre en évidence les domaines de recherche où des efforts de mise en oeuvre de la règle des 3R (remplacer, réduire, raffiner) peuvent, et donc doivent, être faits. Les scientifiques sauraient alors où concentrer leurs efforts et leurs financements concernant les 3R.
L’équipe de recherche du BfR prévoit désormais de mettre à jour AnimalTestInfo avec de nouveaux outils afin que les scientifiques puissent facilement classer leurs résumés selon le système ICM. L’équipe prévoit aussi de demander des informations complémentaires aux chercheurs pour améliorer les efforts menés sur l’aspect 3R et faire évoluer les modèles animaux en recherche scientifique et médicale.
Hélène Bour
Sources :
http://www.bfr.bund.de/en/animaltestinfo_database-193572.html
https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.2003217
https://www.sciencedaily.com/releases/2017/12/171214140910.htm